Considérant :
La mission de l’école publique est de permettre à tous les enfants, quelle que soit leur origine sociale, de bénéficier d’une éducation de qualité leur permettant de construire leur vie et de s’émanciper.
Or, les suppressions de 125 postes d’enseignant.es dans le primaire et 128 postes dans le secondaire, annoncées lors du CDEN des 15 et 22 mars 2024, dégradent la qualité de l’école publique à Paris. Elles s’ajoutent aux 162 postes supprimés dans le 1er degré et les 180 dans le 2nd degré à la rentrée de septembre 2023. L’annulation de 5 fermetures de classes dans les écoles rue de la Victoire (9ème), rue de Tolbiac et rue Jenner (13ème), rue Boissière (16ème), rue Noguères (19ème) est très insuffisante devant l’ampleur des suppressions annoncées.
L’argument principal avancé par le gouvernement lors de la Loi de Finances 2024 pour justifier la suppression de 2 440 postes (1 709 dans le premier degré et 484 dans le 2nd degré) est la baisse démographique. Pourtant, le décret du 21 février 2024 rend public la réduction du budget de l’Education Nationale de 683 millions supplémentaires, sans que le nombre d’élèves ait baissé en 4 mois, confirmant ainsi que les réductions de moyens sont avant tout guidées par la volonté de contracter à tout prix les dépenses publiques.
Une des premières conséquences des postes supprimés est l’augmentation du nombre d’élèves par classe, en contradiction avec les travaux de recherches scientifiques qui démontrent que la taille des classes influe sur la réussite des élèves, dans un contexte où la France compte 22 élèves par classe contre 19,3 en moyenne dans l’Union Européenne, selon la dernière étude de la Direction de l’Evaluation et de la prospective et de la perspective du Ministère de l’Education nationale.
A Paris, comme dans de nombreuses communes partout en France, les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves se mobilisent chaque année en faveur de la qualité de l’école publique, rappelant que les AESH doivent être en nombre suffisant et bénéficier d’un salaire décent, rappelant que la stabilité des équipes – notamment en éducation prioritaire – garantit des projets pédagogiques ambitieux, rappelant que la présence d’adultes formés et aux conditions de travail améliorées réduit la violence et améliore la réussite des élèves.
Cette réussite est pourtant mise en avant par le Premier ministre dans une formule de communication “Le choc des savoirs”, qui ne cache plus la réalité de la politique éducative suivie : non seulement réduire les moyens en faveur de l’école publique, mais les concentrer sur les plus privilégiés par l’instauration d’un mécanisme de tri social, sans se soucier de l’adhésion de la communauté éducative ni à la faisabilité de sa mise en place.
Présent.es aux côtés des parents et de la communauté éducative dans les conseils d’écoles, les conseils d’administration de collèges et lycées, au CDEN, dans les mobilisations, les élu.es écologistes partagent leur ambition en faveur de l’école publique et sont dans l’incapacité de leur répondre sur les moyens alloués à l’école privée à Paris. En effet, si le nombre d’enfants scolarisés à Paris diminue depuis 3 ans, la part des élèves scolarisés dans l’enseignement privé est stable. Selon les projections, le choix de faire porter au public seul les suppressions de postes conduirait à une majorité d’élèves de 6e scolarisés dans le privé à Paris d’ici 8 ans.
Ainsi sur proposition de Nathalie MAQUOI, Alice TIMSIT, Nour DURAND-RAUCHER, Aminata NIAKATÉ, Anne SOUYRIS, Fatoumata KONÉ et des élu.es du Groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le voeu que la Ville de Paris :
- Interpelle le Ministère de l’Education Nationale afin qu’il :
- annule la réduction supplémentaire de 691 millions de crédits de l’Education Nationale ;
- annule sa réforme dite du “choc des savoirs” ;
- revalorise le métier d’AESH par une augmentation des salaires et une amélioration des conditions de travail ;
- renonce à la logique de réduction à tout prix du nombre d’enseignant.e.s, qui contribue à la perte d’attractivité du métier ;
- ouvre les postes nécessaires pour développer des brigades de remplacements, pour développer les pédagogies différenciées à même de faire réussir tous les élèves dans des classes hétérogènes, et notamment les élèves en situation de handicap.
- Interpelle le Rectorat de Paris afin qu’il:
- communique le nombre de postes supprimés à Paris dans l’enseignement privé sous contrat, primaire comme secondaire, pour les années 2021, 2022, 2023 et 2024.
- Respecte les cadres de dialogue et tienne compte des votes défavorables du CDEN concernant sa proposition d’organisation de la rentrée scolaire 2024
- Soutienne les mobilisations des parents d’élèves et de la communauté éducative.