Considérant que le couvre-feu actuellement en vigueur sur le territoire national impose la fermeture de tous les commerces à 18h et contraint souvent les parisienn·e·s à se ruer au dernier moment dans les petites surfaces des multinationales de la distribution alimentaire, pratiquant souvent des prix abusifs ;
Considérant le dernier rapport de l’Observatoire des prix de l’association Familles rurales qui estime qu’entre 2019 et 2020 le prix des fruits issus de l’agriculture conventionnelle a augmenté de 17 %, celui des fruits issus de l’agriculture biologique de 6 % et que parallèlement les légumes conventionnels augmentaient de 4 %, et les légumes bio de 1 % ;
Considérant que du fait de cette hausse généralisée des prix, Familles rurales conclut que pour respecter les préconisations gouvernementales de consommation de 5 fruits et légumes par jour, un foyer composé d’un couple et de deux enfants doit débourser mensuellement 144 euros pour un panier conventionnel et 259 euros pour un panier biologique ;
Considérant qu’un tel budget est hors de portée de nombreuses familles parisiennes alors que la crise sociale s’amplifie et que le taux de pauvreté devient alarmant dans les quartiers populaires de la capitale ;
Considérant qu’à Paris les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) alimentent plus de 3500 ménages en produits frais et locaux ;
Considérant l’agilité du réseau d’AMAP parisiennes qui a fait preuve de réactivité et d’inventivité pour s’adapter aux mesures de confinement et respecter les consignes sanitaires au printemps dernier (des plages horaires élargies ainsi que des distributions sur rendez-vous ont par exemple été proposées afin de limiter le plus possible les interactions) ;
Considérant que le fonctionnement associatif des AMAP repose sur l’implication de bénévoles soumis à l’obligation de respect du couvre-feu ;
Considérant que plusieurs AMAP parisiennes et leurs producteurs ont exprimé des difficultés pour l’approvisionnement et l’organisation de la distribution des paniers sur les plages horaires autorisées ;
Considérant l’arrivée du printemps qui impose aux producteurs de nouveaux horaires de récolte réduisant considérablement leurs marges de manœuvre pour effectuer les approvisionnements des AMAP dans les temps pour que les amapien·ne·s puissent récupérer leurs paniers avant 18h. Plusieurs producteurs ont fait part de leur épuisement et craignent qu’avec les cultures estivales les difficultés s’accentuent encore pour assurer les livraisons ;
Considérant que ces difficultés entraînent un surplus de travail pour les producteurs, qu’ils réalisent parfois le dimanche, entraînant potentiellement un coût salarial supplémentaire nécessaire à la manutention ;
Considérant que les producteurs paysans sont déjà très impactés par la fermeture des bars et restaurants qui les prive d’un débouché de production important ;
Considérant qu’un an après l’irruption de la Covid 19 dans nos vies, la situation sanitaire est toujours très dégradée et que l’assouplissement des mesures de restriction de circulation n’est pas à l’ordre du jour ;
Considérant enfin la décision prise par le Préfet des Yvelines le 27 janvier 2021 autorisant, de façon dérogatoire, les Amapien·ne·s de ce département à retirer leurs colis entre 18h et 20h en présentant le justificatif fourni par la Préfecture et l’attestation individuelle de déplacement pour motif familial impérieux.
Sur proposition de Fatoumata KONE, Corine FAUGERON, Chloé SAGASPE et des élu.e.s du Groupe Ecologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris :
- Demande à la Préfecture de bien vouloir autoriser, de façon dérogatoire, les locaux hébergeant des AMAP en difficulté logistique à demeurer ouverts entre 18h et 20h, plage horaire qui sera exclusivement destinée aux distributions. À défaut, que la Ville propose à ces AMAP des locaux municipaux afin de pouvoir y assurer les distributions entre 18h et 20h ;
- Demande à la Préfecture de bien vouloir autoriser les bénéficiaires des AMAP à assurer les distributions et retirer leurs paniers de fruits et légumes entre 18h et 20h à l’appui d’un justificatif et d’une attestation de déplacement dérogatoire.