Rattaché au projet de délibération DGRI 61
Déposé par Alice TIMSIT, Jérôme GLEIZES, Aminata NIAKATÉ, Raphaëlle RÉMY-LELEU, Anne SOUYRIS, Corine FAUGERON, Fatoumata KONÉ et les élu·es du groupe Les Écologistes
Considérant la multiplication du nombre d’actes antisémites dans le monde depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier ;
Considérant par exemple la chasse aux Juives et Juifs qui a pris une tournure exacerbée lors de l’assaut dans un aéroport du Daguestan en Russie ;
Considérant la recrudescence du nombre d’actes antisémites en France, portés à plus de 900 depuis le 7 octobre 2023 ;
Considérant le recensement par la Préfecture de Police de Paris de plus de 200 actes antisémites dans l’agglomération parisienne depuis le 7 octobre dernier ;
Considérant l’incendie d’une mezouzah sur une porte d’un couple d’octogénaires parisiens, de confession juive, dans le 20e arrondissement, le 19 octobre dernier ;
Considérant les tags de l’étoile de David découverts sur les murs des 10e, 14e, 15e et 18e arrondissements de Paris le 31 octobre 2023, rappelant les procédés antisémites des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale ayant conduit à l’extermination de millions de juifs.ves ;
Considérant des chants antisémites entonnés sur la ligne 3 du métro parisien par un petit groupe de personnes le 31 octobre 2023 ;
Considérant le sondage de l’IFOP, en partenariat avec l’UEJF, sur la base d’un échantillon de 237 étudiant.es et paru le 28 septembre dernier, indiquant que 91% des étudiant.es juif.ves ont déjà été victime d’antisémitisme à l’Université ;
Considérant que selon le même sondage près de 65% des répondant.e.s déclarent avoir été victimes, lors de leur scolarité avant le bac, d’un acte antisémite ;
Considérant que l’École et l’Université, premiers lieux de socialisation et d’émancipation, s’avèrent être les réceptacles d’un antisémitisme systémique matérialisé par des tags, du cyber harcèlement des moqueries, des insultes voire des agressions ;
Considérant l’angoisse légitime dans laquelle vivent les personnes juives ;
Considérant l’assignation identitaire à laquelle les Français.es juifs et juives (ou perçus comme tels) sont confrontés ;
Considérant les graves tensions en France, issues du conflit, qui sont l’occasion d’une visibilisation et d’une recrudescence de la parole et des actes antisémites pouvant prendre prétexte de la défense légitime de la cause palestinienne pour raviver des biais antisémites habituels ;
Considérant par ailleurs la permanence de l’antisémitisme en dehors du conflit israélo-palestinien ;
Considérant le rôle joué par les réseaux sociaux dans la propagation et l’amplification du phénomène antisémite à travers la désinformation, la mobilisation de narratifs ou d’iconographies détournées jouant sur les références d’un antisémitisme séculaire ou modernisé, notamment connues du jeune public (dragons célestes etc.) ;
Considérant par ailleurs le poids et la responsabilité qui incombe aux politiques dans leurs prises de parole publiques ;
Considérant le continuum de violences et la variété d’actes à caractère antisémite pouvant aller de moqueries véhiculant des stéréotypes sur les Juives et les Juifs, en passant par des injures ou des menaces, jusqu’à des agressions sur des biens (tags, détériorations, attaques d’écoles, lieux cultuels ou culturels) ou des personnes, allant jusqu’au meurtre.
Considérant la définition de l’antisémitisme, approuvée par le Parlement européen, l’Assemblée nationale et le Sénat, établie par l’Alliance internationale de la mémoire de l’Holocauste : “L’antisémitisme est une certaine perception des juifs, pouvant s’exprimer par de la haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des individus juifs ou non-juifs et/ou leurs biens, contre les institutions de la communauté juive et contre les institutions religieuses juives.” .
Ainsi sur proposition de d’Alice TIMSIT, Jérôme GLEIZES, Aminata NIAKATÉ, Raphaëlle RÉMY-LELEU, Anne SOUYRIS, Corine FAUGERON, Fatoumata KONÉ et des élu.es du Groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le voeu que la Ville de Paris :
- Lance, en urgence, une campagne de sensibilisation à la lutte contre l’antisémitisme dans toutes les structures muncipales, sur les réseaux sociaux, dans l’espace public, en lien avec les organisations luttant contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme, ainsi que le Musée d’art et d’histoire du judaïsme ;
- Interpelle le Ministère de l’éducation nationale quant à la généralisation de l’organisation d’ateliers de sensibilisation à l’antisémitisme et aux racismes dès l’école primaire et jusqu’au lycée ;
- Interpelle le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche quant à la mise en place de mesures dédiées tout au long de l’année universitaire, notamment via la formation des membres des commissions disciplinaires ;
- S’associe à la journée de lutte contre le racisme et l’antisémitisme organisée par les universités parisiennes le 21 mars 2024, en lien avec leurs référent.es en charge de ces questions ;
- Flêche un contrat de thèse CIFRE, dès la prochaine cohorte, à des fins de recherches sur l’antisémitisme.