rattaché au projet de délibération DAE 73
Déposé par Alice TIMSIT, Chloé SAGASPE, Nour DURAND-RAUCHER, Aminata NIAKATÉ, Nathalie MAQUOI, Fatoumata KONÉ et les élu·es du groupe Les Écologistes
Considérant les files d’attente interminables d’étudiant·es aux distributions alimentaires organisées par un ensemble d’associations sur le territoire parisien ;
Considérant les difficultés accrues des associations pour faire face à la demande croissante de semaines en semaines ;
Considérant en effet les conséquences de la crise sanitaire couplées aux difficultés liées à l’inflation des prix des produits alimentaires ;
Considérant également les problèmes liés à la logistique des distributions : manque de matériel, manque de bénévoles, points de distributions pas adaptés aux besoins, temps d’attente trop important etc ;
Considérant le caractère vital de ces lieux de distribution pour de nombreuses personnes et le caractère essentiel de ces associations de distribution ;
Considérant également le rôle des CROUS constitué en un service public de la vie étudiante qui a notamment des missions de restauration et de logement ;
Considérant les recommandations de l’enquête du Samu Social, relative à l’autonomie et au recours à l’aide alimentaire francilienne à destination des étudiant·es, du Samu Social, parue le 19 octobre 2022, pointant notamment le manque de communication et des difficultés d’accessibilité (temps d’attente, créneaux trop réduits, lieux de distributions mal situés) ;
Considérant que le budget alimentaire constitue la première variable d’ajustement pour les étudiant.es confronté·es à la hausse des prix, en renonçant à l’achat de denrées alimentaires ;
Considérant en effet que près d’un·e étudiant·e sur deux doit limiter voire renoncer à des achats sur le budget alimentaire quand cela concerne 24 % de la population française, selon le sondage Ifop en partenariat avec l’association COP1, paru le 12 septembre 2023 ;
Considérant selon la même enquête que 46% des étudiant·es indiquent avoir déjà supprimé un repas journalier, contre 28% de la population française ;
Considérant que l’alimentation n’est pas le seul poste de difficulté des étudiant·es : solitude, difficultés liées à l’accès au logement, à l’accès aux soins et aux démarches administratives ;
Considérant les difficultés d’accès aux aides publiques par leur multiplicité et leurs conditionnements s’accompagnant trop souvent de renoncements ;
Considérant que les aides sociales les plus importantes accordées aux étudiant·es, telles que la bourse sur critères sociaux, sont familialisées, donc calculées en fonction du revenus des parents, excluant de nombreux·ses étudiant·es ;
Considérant le refus du gouvernement d’accorder une allocation d’autonomie aux étudiant.es ;
Considérant la tribune signée par 14 président·es d’universités parue dans Le Monde le 19 septembre 2023 en faveur d’une allocation d’étude pour tous·tes les étudiant·es rappelant que 25% vivent dans la précarité, 27% survivent sous le seuil de pauvreté, 40% peinent pour payer leur loyer, et que plus de 50% se restreignent dans leur alimentation ;
Considérant le nombre trop important d’étudiant·es qui renoncent à leurs études en raison de toutes ces difficultés ;
Considérant au delà des étudiant.es que la précarité touche les jeunes en général comme en témoigne une enquête menée par le réseau des Banques Alimentaires en juin 2022, selon laquelle 1/4 des personnes accueillies ont moins de 25 ans ;
Considérant l’expérimentation menée par la ville de Montreuil avec Action contre la Faim, dite “Passerelle” et visant à prévenir l’insécurité alimentaire et éviter de tomber dans l’urgence et ce via une aide financière de 63 euros par mois et qui a pu bénéficier à 200 ménages, avec des retours positifs ;
Considérant les mesures prises par la Ville de Paris en matière d’enseignement supérieur et de précarité étudiante au-delà de ses compétences afin d’assurer son rôle de première ville étudiante de France.
Sur proposition d’Alice TIMSIT, Chloé SAGASPE, Nour DURAND-RAUCHER, Aminata NIAKATÉ, Nathalie MAQUOI, Fatoumata KONÉ et des élu·es du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris :
- Interpelle le gouvernement
- quant au besoin d’une politique publique transversale et autonome à destination des étudiant·es accompagnée d’une allocation d’autonomie ;
- quant à l’octroi du RSA aux jeunes de moins de 25 ans répondant aux critères d’éligibilité ;
- quant à l’urgence actuelle de subventionner les structures d’aide alimentaire notamment à destination des étudiant·es pour faire face à l’afflux de personnes et aux difficultés logistiques et d’augmenter les moyens des CROUS ;
- quant au besoin d’une prime alimentaire d’un minimum de 50 euros par mois et par personne et qui pourrait bénéficier à 11 millions de Français·es telle que proposée par les député·es écologistes à l’Assemblée nationale ;
- Soutienne les associations de distribution alimentaire, notamment en étudiant avec elles les leviers de réduction du temps d’attente, de multiplication des créneaux et d’une meilleure accessibilité des lieux de distribution ;
- Relaie les campagnes d’appel aux bénévoles à destination spécifiquement de ces associations de distribution alimentaire dans les appels à bénévolat de la Fabrique des solidarités ;
- Étudie la possibilité d’automaticité des aides municipales, telle que AILE, pour les étudiant·es sur le territoire parisien.