Objectif : Plan 300 hectares #P300

300 d’ha d’espaces verts supplémentaires à Paris d’ici 2040
000 / 300Ha

Vœu relatif à la privatisation de l’espace public et des politiques culturelles

centre-pompidou

Déposé par Emile MEUNIER, Frédéric BADINA-SERPETTE, Corine FAUGERON, Raphaëlle REMY-LELEU, Mélody TONOLLI, Alice COFFIN, Fatoumata KONE et les élu·es du groupe Les Écologistes

Considérant l’installation dans l’espace public depuis le 2 mars 2023, d’une œuvre monumentale érigée par LVMH en collaboration avec l’artiste Yayoi Kusama, sur le terre-plein entre les magasins de la Samaritaine et LV Dream appartenant au groupe LVMH ;

Considérant que cette installation est faite dans le cadre de la promotion d’accessoires de mode désignés par LVMH en collaboration avec l’artiste, que vient rappeler le sac porté par la sculpture, identique à ceux vendus par la marque et portant son logo de façon apparente ;

Considérant donc, hors toute considération artistique, qu’il s’agit là d’une publicité sur l’espace public

Considérant des opérations commerciales analogues du groupe LVMH, utilisant l’image d’oeuvres exposées à la fondation LVMH dans le cadre de campagne publicitaires pour des accessoires et bijoux de luxe, comme celles de l’artiste Jean-Michel Basquiat à l’été de 2021 ou celles de Joan Mitchell et contre l’avis de ses ayants droits en février 2023 ;

Considérant également le financement et l’organisation régulière par LVMH de “publi-expositions” mettant en scène l’histoire de ses marques et de ses produits à mi-chemin entre l’événement culturel et l’opération publicitaire, dont la rigueur scientifique est contestée, à l’image notamment de l’exposition “Voyage en capitale” qui s’est tenue en 2010 et 2011 au musée Carnavalet ;

Considérant que ces opérations s’inscrivent dans une stratégie plus globale de LVMH, comme d’autres entreprises, via leur fondation ou le mécénat, d’artwashing, d’influence politique et de pénétration des marchés économiques étrangers ;

Considérant les importants avantages fiscaux dont bénéficient les entreprises à travers le mécénat, le groupe LVMH ayant bénéficié d’une exonération fiscale de 518 M€ pour la construction de sa fondation à hauteur de 790 M€, la Cour des Comptes pointant par ailleurs dans un rapport rendu en 2018 “un cas, exceptionnel par son ampleur, d’utilisation des possibilités offertes par la législation fiscale en matière de mécénat”, ainsi que plus généralement, un manque de contrôle et de vision quant l’utilisation de cette niche fiscale et aux retombées des actions philanthropiques en bénéficiant ;

Considérant, au-delà des motivations commerciales ou des qualités artistiques et scientifiques parfois discutables des projets portés par ses entreprises ou leurs fondations, que cette stratégie de développement, présentée comme philanthropique, se fait actuellement au détriment d’une politique culturelle publique, de par :

● Le manque de recettes induit par ces avantages fiscaux et qui auraient pu bénéficier au financement des politique culturelles de l’Etat et des collectivités ;

● l’omnipotence de ses entreprises, de leurs fondations et de leurs acquéreurs par leur poids économique et médiatique sur le marché de l’art et plus largement dans l’écosystème culturel, faisant concurrence aux établissements publics menant une mission de conservation, de recherches scientifiques, de présentation des œuvres et de médiation auprès du public, ainsi que dans l’acquisition d’œuvres majeurs intégrant la
patrimoine public ;

● Le désengagement de l’Etat et des collectivités des politiques culturelles et du financement des établissements publics, trouvant dans ces acteurs une manière de compenser leur retrait, mais participant ainsi à une privatisation des politiques culturelles ;

Considérant donc que si le mécénat s’inscrit dans une longue tradition du monde de l’art, il convient aujourd’hui d’en circonscrire l’influence afin de garantir un accès et une médiation auprès de toutes et tous des œuvres d’arts, des biens culturels et patrimoniaux dans toute leur diversité, dans une démarche objective, exigeante et non-marchande, et assurant par ailleurs une mission de conservation et de recherche au service de l’intérêt général ;

Considérant à regret que la Ville de Paris peut mener une politique favorisant très largement ces entreprises et leur fondation dans le champs de la culture et du patrimoine, comme avec :
● l’installation de la fondation LVMH dans le Bois de Boulogne via une CODP de 50 ans proposant une redevance très avantageuse pour l’occupant, votée en Conseil de Paris à posteriori du dépôt de permis de construire et malgré les interpellations de la Commission des sites et des architectes des Bâtiments de France ;
● l’installation de la collection Pinault à la Bourse du commerce via le rachat du bâtiment par la Ville pour 86 M€, puis la signature d’un bail emphytéotique de 50 ans avec l’entreprise, proposant une redevance très avantageuse pour celle-ci ;
● le mécénat des travaux de l’Ecole Polytechnique (Paris 5ème) sans information des Conseillères et des Conseillers de Paris ;

Considérant que LVMH participe très régulièrement au mécénat des actions que mène la Ville de Paris dans le cadre de sa politique culturelle et via ses établissements culturels, avec comme dernier exemple le sponsoring de la Nuit Blanche ;

Considérant la volonté de la ville la Ville de développer le mécénat dans l’ensemble de ses établissements culturels ;

Considérant que l’installation de l’œuvre érigée par LVMH en collaboration avec l’artiste Yayoi Kusama paraît contraire à l’article P 2.5.1.2 du Règlement Local de Publicité disposant que « Les dispositifs publicitaires scellés au sol ne peuvent s’élever à plus de 6 mètres de hauteur au-dessus du niveau du sol », et l’article P 2.1.4 disposant que “la surface unitaire d’une publicité ne peut excéder 8 m²” ;

Considérant que cette installation semble s’inscrire dans la stratégie de LVMH d’extension de son emprise sur le domaine public que devrait décourager la Ville de Paris ;

Sur proposition d’Emile MEUNIER, Frédéric BADINA-SERPETTE, Corine FAUGERON, Raphaëlle REMY-LELEU, Mélody TONOLLI, Alice COFFIN, Fatoumata KONE et des élu·es du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris :

● fasse cesser l’infraction au Règlement Local de Publicité et demande le paiement d’une indemnité par LVMH ;
● flèche l’équivalent du montant de l’indemnité perçue vers le financement de ses actions en faveur des arts visuels ;
● soit, à l’avenir, plus vigilante pour refuser l’exposition d’œuvres d’art dans l’espace public qui s’apparenterait à de la publicité.

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