Objectif : Plan 300 hectares #P300

300 d’ha d’espaces verts supplémentaires à Paris d’ici 2040
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Vœu relatif à la réforme de la voie professionnelle, la restructuration sans précédent des lycées parisiens et de la répartition des formations professionnelles initiales à Paris annoncée par la Région Ile-de-France

Sans titre (11)

déposé par Nathalie MAQUOI, Raphaëlle RÉMY-LELEU, Alice TIMSIT, Emmanuelle PIERRE-MARIE, Carine PETIT, Fatoumata KONÉ 

et les élu·es du groupe Les Écologistes

Concernant la réforme de la voie professionnelle : 

Le 13 septembre dernier, le Président de la République lançait la réforme de la voie professionnelle dont la mesure principale est l’augmentation de la durée de la période de formation en entreprise pour les élèves scolarisé.es dans les lycées professionnels, de 22 semaines à 33 semaines pour un bac professionnel. Les arguments avancés soulignent la réussite du modèle de l’apprentissage et souhaitent en rapprocher le lycée professionnel.

Or, l’insertion professionnelle des jeunes apprenti.es est meilleure que celles des lycéen.es professionnel.les à condition qu’iels soient embauché.es dans l’entreprise où iels ont effectué leur apprentissage ou alors en lien direct avec la formation effectuée. Cet écart n’existe pas dans toute autre situation de recherche d’emploi. De plus, l’augmentation du nombre d’apprentis concerne l’enseignement supérieur, les formations avant le bac connaissant plutôt un recul, les familles et les jeunes préférant une scolarisation en lycée professionnel.

L’augmentation de la durée de formation en entreprise réduit mécaniquement la formation professionnelle et la formation générale dispensées au sein du lycée. Elle hypothèque donc fortement la poursuite d’études dans le supérieur, notamment en BTS, pourtant prisé par les bacheliers professionnels et une des seules filières de l’enseignement supérieur mixte socialement. Toute poursuite d’études demande en effet une maîtrise de l’argumentation qui ne peut s’acquérir de façon innée mais bien dans le secondaire. Alors que nous connaîtrons dans les années à venir une transformation de notre modèle productif, alors qu’il est demandé une montée en compétences aux ouvrier.es et employé.es et que cette tendance sera amplifiée dans les années à venir, le Président de la République choisit de réduire l’enseignement général dispensé à des jeunes entre 15 et 18 ans. Cette vision aura aussi des impacts sur la formation des futurs citoyen.es ainsi que sur l’émancipation des individus.

Cette vision traduit aussi une méconnaissance de l’investissement que nécessite l’accueil d’un jeune en formation entre 15 et 18 ans dans une entreprise ou une administration publique, une méconnaissance de la difficulté pour les élèves qui n’ont aucun réseau personnel pour effectuer déjà 22 semaines de stage, une méconnaissance de la scolarisation des jeunes en situation de handicap trouvant dans le lycée professionnel le temps et la bienveillance nécessaires pour construire leur insertion professionnelle. 

Les lycées professionnels scolarisent un.e lycéen.e sur trois à la sortie du collège, très majoritairement issu.es des classes populaires et des petites classes moyennes. Ils scolarisent les “enfants du peuple” comme l’exprime Jean-Paul Delahaye. Les jeunes qui les fréquentent, compte tenu de la limitation des redoublements ces dernières années, y entrent à 14 ou 15 ans, et effectuent donc très tôt, souvent trop tôt un choix d’orientation pour qu’il soit définitif. La dernière réforme de 2018 menée par Jean-Michel Blanquer tenait compte d’ailleurs de ne pas figer une orientation précoce en créant des secondes professionnelles par grandes familles de métiers pour retarder la spécialisation. 

Alors, la réelle raison de cette réforme n’est pas tant d’améliorer l’insertion professionnelle des jeunes de lycées professionnels mais de faire des économies. En effet, qui forme et qui paie la formation des futurs ouvrier.es et employé.es ? Le Président de la République répond l’entreprise plutôt que le commun. Aurait-il répondu la même chose pour la formation initiale avant le bac des futurs cadres ? Manifestement non. Réduire le temps d’enseignement des jeunes issus des classes populaires et moyennes permet d’économiser 10 000 postes, et ainsi de tenir la promesse des revalorisations à moyens constants. 

Concernant la restructuration sans précédent des lycées parisiens et de la répartition des formations professionnelles initiales à Paris annoncée par la Région Ile-de-France

Dans ce contexte de réforme nationale des lycées professionnels, la Présidente de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse anticipe l’espace libéré par cette baisse de formation et annonce une nouvelle répartition des élèves des lycées à Paris, conduisant à 7 fermetures d’établissements scolaires (dont 6 lycées professionnels) et modifiant ainsi par répercussion au moins 14 autres lycées. 

Dans l’académie la plus ségréguée de France, celle où les inégalités sociales et les inégalités scolaires sont les plus marquées selon l’établissement du secondaire fréquenté, elle choisit de mettre fin à la polyvalence des lycées, c’est-à-dire la présence au sein d’un même établissement des filières générale, technologique et professionnelle. Cette polyvalence permet non seulement une mixité sociale au sein des établissements du secondaire, mais aussi de favoriser les passerelles. Ainsi, un.e élève peut au cours de la seconde générale et technologique effectuer un séjour en interne du lycée pour découvrir une filière professionnelle. Un.e élève scolarisé.e en seconde professionnelle, par exemple quand iel apprend encore le français quand iel est arrivé en France, peut aussi se confronter au niveau exigé en seconde générale et technologique pour l’intégrer à terme.

L’Académie de Paris s’est pourtant montrée soucieuse d’améliorer la mixité sociale des lycées ces dernières années et a d’ailleurs instauré une nouvelle affectation en seconde générale et technologique pour ce faire. Elle s’est appuyée sur l’apport de la polyvalence pour encourager les familles à choisir des établissements scolaires comme par exemple Elisa Lemonnier. Les élèves et les familles qui ont adhéré à ces discours sont donc très surpris de la remise en cause de cette répartition des formations en lycée à Paris. De plus, la présidente de Région a annoncé en même temps qu’une nouvelle carte des lycées à Paris la fin de Déclic Métiers qui alimente en données Affelnet et Parcours Sup. Cette vision conduit donc à déstabiliser l’effort fait par tous les acteurs des lycées à Paris pour réduire les inégalités scolaires.

Héritière des conservateurs qui dès le XIXe siècle souhaitaient sélectionner ceux qui pouvaient accéder à l’enseignement général et limiter les transfuges de classes, Valérie Pécresse est aussi guidée par les économies permises par cette restructuration à la fois en budget de fonctionnement et d’investissement.

De nombreuses questions, si la Présidente de Région confirme ses annonces lors du CIEN du 8 novembre, se posent encore sur le calendrier de cette restructuration, sur le temps nécessaire à réaménager les ateliers permettant l’enseignement professionnel, sur le devenir des personnels de l’éducation nationale et de la région Ile-de-France, sur le devenir des personnels médico-social, sur les formations professionnelles réellement maintenues, sur le devenir des bâtiments appartenant à la Région Ile-de-France. Un tel bouleversement aux nombreuses conséquences ne peut être décidé ni mené par un acteur seul, même s’il a la compétence du bâti.

Concernant l’impact des visions libérale et conservatrice de la voie professionnelle à Paris

Paris a historiquement un attachement à la transmission des savoirs faires artisans et ouvriers. Preuve en est l’histoire des lycées municipaux incarnant la diversité des branches professionnelles présentes à Paris. Il y a bien sûr l’artisanat d’art en bois, en verrerie, en broderie par exemple. Mais aussi les écoles fondées par des Parisien.es soucieu.ses d’une formation de qualité comme Elisa Lemonnier pour la coiffure et l’esthétique. Des intuitions savaient aussi répondre à des évolutions comme la création de l’école du Breuil au XIXe siècle au moment où se créent les promenades publiques qu’il faut agrémenter. Les écoles professionnelles sont indissociables de l’histoire des classes populaires à Paris. Au moment où les enjeux de produire localement, en circuit court, de “Fabriqué à Paris” se posent de façon urgente, où les initiatives comme Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée ou l’insertion par l’activité économique restaurent les métiers du lien et démontrent leurs bienfaits pour la vie quotidienne des Parisien.es, revoir ainsi la formation professionnelle à Paris est un non sens.

De plus, pour tous les établissements scolaires concernés, que ce soit par une fermeture ou une restructuration, la première conséquence est de déstabiliser les projets d’établissement construits par tous les acteurs de la communauté éducative, de remettre en cause les partenariats précieux noués avec des entreprises ou services publics localisés, les acteurs sociaux, culturels et sportifs permettant la bonne intégration dans le territoire. Enfin, les arguments invoqués de baisse démographique sont faux pour l’enseignement professionnel, essentiellement concerné par cette restructuration.

Ainsi, sur proposition de Nathalie MAQUOI, Raphaëlle RÉMY-LELEU, Alice TIMSIT, Emmanuelle PIERRE-MARIE, Carine PETIT, Fatoumata KONÉ et des élu·es du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le voeu que la Ville de Paris :

  • Soutienne les mobilisations de la communauté éducative, des élèves, des familles contre la réforme de la voie professionnelle visant à réduire l’enseignement dispensé en formation initiale aux enfants essentiellement issus des classes populaires et moyennes ;
  • Rappelle à la Région Ile-de-France son attachement à la polyvalence des lycées, son opposition à une restructuration sans association de toutes les parties concernées, son souci de soutenir la mixité sociale et scolaire, son opposition à la fermeture des lycées Armand Carrel, Suzanne Valadon, Brassaï, Charles de Gaulle, Jacques Monod, du site Friant du Lycée Lucas de Nehou et du site Charenton du Lycée Théophile Gautier, son opposition à la suppression de la voie générale au lycée polyvalent Elisa Lemonnier ainsi qu’à la fermeture du Lycée général Georges Brassens, son inquiétude quant aux conséquences de la suppression de Déclic métiers sur Affelnet et Parcours sup ;
  • Interpelle l’Académie sur la cohérence de la répartition des formations professionnelles à Paris, qui doit respecter les projets d’établissement patiemment construits, ainsi que sur la communication très en amont aux familles et aux élèves des éventuels changements entraînés pour les demandes Affelnet ;
  • Mène une réflexion, en cas de confirmation de la fermeture des anciens lycées municipaux, sur le devenir du bâtiment. Son avenir doit être décidé, dans la logique de la territorialisation, en associant les conseils d’arrondissement. L’espace étant dédié aux jeunes, et notamment issus des classes populaires, doit garder une vocation jeunesse et être réversible en cas de besoin de bâti scolaire ;
  • Interpelle la Région Ile-de-France, aux cas où elle confirme la fermeture des lycées, sur l’avenir du bâti qui lui appartient et la nécessité de l’imaginer en concertation avec les mairies d’arrondissement.

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