déposé par Nour DURAND-RAUCHER, Sylvain RAIFAUD, Fatoumata KONÉ et les élu·es du groupe Les Écologistes
Considérant que ces 40 dernières années, certaines espèces de punaise prolifèrent en France, particulièrement en milieu urbain, dans les immeubles, les appartements y compris dans les hôtels, les hôpitaux, les maisons de retraites, les transports en commun ;
Considérant qu’entre 2016 et 2020, plus de 4,4 millions de français ont été infestés par les punaises de lit (soit 7% de la population) ;
Considérant que ces insectes sont nocturnes, et difficilement repérables mais lorsque la population augmente ils peuvent se déplacer le jour ;
Considérant que les punaises de lit sont des hématophages : les adultes mâles et femelles piquent et sucent le sang de leur hôte mais peuvent survivre sans manger jusqu’à plus d’un an et demi. Une seule punaise peut piquer 90 fois dans une seule nuit ;
Considérant que la disparition des punaises de lit des habitats sera donc lente, difficile et nécessite un réel suivi au quotidien des espaces infectés afin de tenter de limiter leur développement ;
Considérant que la prolifération de ces insectes n’est pas en rapport avec la propreté des espaces mais avec plutôt avec les voyages (44% des cas), des proches ou des voisins touchés (30% des cas), l’emménagement dans un nouveau logement (20% des cas) et un achat d’occasion (10%) ;
Considérant que les piqûres provoquent des démangeaisons et des dermatites et peuvent provoquer des réactions allergiques importantes mais qu’elles ne transmettent toutefois pas de maladies infectieuses ;
Considérant que la punaise de lit n’est pas ou peu vectrice de maladie, mais a un impact sur la santé des personnes infestées et en particulier sur le plan psychiatrique avec le développement de fortes d’insomnies et des troubles anxiogènes ;
Considérant que suite à leur prolifération le gouvernement a mis en place en 2020 un plan national de lutte contre les punaises de lit ;
Considérant que des sociétés privées se sont spécialisées dans les actions d’éradication et que des procédures longues et onéreuses sont mises en place pour traiter les endroits infectés : un protocole stricte et minutieux doit être réalisé plusieurs fois, en plusieurs étapes – pendant une ou plusieurs années – ;
Considérant que le traitement nécessite en amont la participation active des personnes et nécessite l’interdiction à l’accès de l’espace traité afin de laisser agir les produits pendant 6 heures, puis une ventilation de l’espace pendant 2 heures ;
Considérant que ces protocoles peuvent être engagés à condition que l’ensemble des propriétaires des logements dans un immeuble infecté acceptent la démarche collective, engagent les frais nécessaires et respectent les procédures scrupuleusement ;
Considérant que les personnes vivant dans une seule pièce, les personnes âgées, seules, handicapées, précaires ont énormément de difficultés à respecter le protocole et souvent refusent d’ouvrir leur porte, malgré l’accompagnement des voisins bienveillants ;
Considérant que la Ville de Paris a mis en place des actions de prévention et des actions de désinfestation tout particulièrement avec les bailleurs sociaux dans les limites des dispositions législatives, réglementaires et opérationnelles. Paris Habitat a mis en place par exemple un financement spécifique pour ce type de procédure qui se traduit par une charge complémentaire : participation financière mensuelle de tous les locataires ;
Considérant que les agents de la DPE 11e de la Ville constatent une forte augmentation des matelas infectés, sans aucune protection et emballage hermétique, déposés dans l’espace public ;
Considérant que ces mesures sont insuffisantes et manquent de coordination à l’échelle de l’arrondissement et à l’échelle parisienne.
Ainsi, sur proposition de Nour DURAND-RAUCHER, Sylvain RAIFAUD, Fatoumata KONÉ et les élu·es du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris :
- Rende public le bilan des actions menées par les services concernés par la prolifération des punaises de lit à Paris et dans les arrondissements, ainsi que les actions menées avec l’ensemble des bailleurs sociaux parisiens ;
- Mette en place une large communication sur les risques du développement des punaises de lit à Paris et engage avec l’ensemble des services concernés des actions de prévention et d’éducation auprès des institutions, des syndics de copropriétés, des amicales de locataires et plus largement auprès des parisiens et parisiennes ;
- Développe un dispositif de médiation auprès des bailleurs, copropriétaires, syndics et locataires afin de garantir l’accessibilité des habitats lors de traitements et leur efficacité ;
- Interpelle le Gouvernement afin de clarifier le cadre législatif concernant l’accessibilité de l’ensemble des habitats lors de désinfestations ;
- Crée une plateforme spécifique pour que les Parisien.ne.s puissent signaler la présence de punaises de lit, ce qui permettrait aux services de mieux suivre la prolifération des punaises de lit à Paris ainsi que l’évolution des interventions de désinfection.