Considérant que l’agent orange est un herbicide développé par l’armée américaine dans les années 1940 ;
Considérant que 65 % des herbicides utilisés pendant la guerre du Vietnam, notamment l’agent orange, contenaient de la dioxine, substance cancérigène et tératogène (produisant des malformations chez les fœtus et les nouveau-né·es), provoquant des maladies de peaux, et portant atteinte au système immunitaire, reproducteur et nerveux ;
Considérant qu’entre 1961 et 1971, l’armée américaine a déversé des dizaines de millions de litres d’herbicides contenant plus de 300 kilos de dioxine, sur des centaines de milliers d’hectares, dans le sud et le centre du Vietnam principalement, mais aussi au Laos et au Cambodge ;
Considérant que les normes internationales fixent les seuils de dioxine à ne pas dépasser en millionième de millionième de gramme ;
Considérant qu’environ 3 millions de Vietnamiens ont été directement exposés aux herbicides entre 1961 et 1971, auxquels il faut rajouter un nombre inconnu de Cambodgiens, de Laotiens, de civils et militaires américains, et de leurs divers alliés ;
Considérant que la dioxine se transmet de génération en génération, engendre de lourds handicaps (malformations, hyper encéphalies, maladies de peau, cancers, déficience du système nerveux ou cérébral) et éteint progressivement des lignées familiales ;
Considérant que les épandages chimiques ont entraîné des bouleversements majeurs d’écosystèmes complexes, par la disparition d’une faune abondante (éléphants, des tigres, des rhinocéros, parmi lesquels le rare rhinocéros de Java, des antilopes, des gaurs, des oiseaux, des serpents, des papillons et une multitude d’insectes) et d’espèces forestières rares ;
Considérant le combat en cours de Tran To Nga, Vietnamienne ayant de nationalité française, contre les entreprises qui se sont enrichies par la production de l’agent orange et la réouverture du procès en appel le 7 mai dernier ;
Considérant le lien entre armes chimiques et substances agro-toxiques (herbicides, fongicides, insecticides, reprotoxiques), leurs usages toujours actuels et la multitude de combats de par le monde pour une vie saine, contre les entreprises fabricantes et les États utilisateurs ou complices (chlordécone aux Antilles, Paul François contre Monsanto en Charente) ;
Considérant l’effondrement en cours de la biodiversité dues aux activités humaines, dont l’agriculture intensive ;
Considérant que c’est l’usage de l’agent orange pendant la guerre du Vietnam qui a servi de première illustration à la notion d’écocide, lors de sa formulation par Arthur Galston en 1970 ;
Considérant la recherche par le collectif Vietnam-Dioxine d’un lieu de commémoration pour toutes les victimes de l’agent orange et l’inscription aux programmes scolaires d’une mention des conséquences de l’usage de l’agent orange ;
Considérant l’importance des communautés vietnamiennes, laotiennes, cambodgiennes dans l’histoire du 13ème arrondissement, de son développement culturel et économique actuel ;
Considérant l’adoption à l’unanimité d’un vœu relatif à la création d’un lieu de commémoration des victimes de l’agent orange lors du Conseil du 13e arrondissement de Paris de février 2023 ;
Sur proposition de Alexandre FLORENTIN, Chloé SAGASPE, Raphaëlle REMYLELEU, Corine FAUGERON, Fatoumata KONÉ et des élu·es du groupe Les Écologistes, le Conseil de Paris émet le voeu que la Ville de Paris :
- Que soit identifié et financé, dans le 13eme arrondissement un lieu de commémoration rendant hommage à toutes les victimes de l’agent orange, incluant l’apposition d’une plaque, la création d’une œuvre artistique ou la plantation d’un arbre en collaboration avec les associations concernées.