Considérant le vœu adopté au conseil d’arrondissement de Paris centre le 30 novembre 2020 et au conseil d’arrondissement du 19ème le 1er décembre 2020;
Considérant que le 3919 est le numéro gratuit, anonyme à destination des femmes victimes de violences créé en 1992 par le réseau de 73 associations « Solidarité Femmes »,
Considérant que Solidarité Femmes gère des centres d’hébergement. Lier le 3919 à ce réseau permet d’aider au mieux les femmes victimes,
Considérant que le 3919 repose sur une trentaine d’écoutantes professionnelles qui recueillent la parole d’environ 2000 victimes chaque semaine (sur une moyenne de 20mn par appel) et jusqu’à 7000 appels hebdomadaires pendant le premier confinement.
Considérant qu’en 2018, la FNSF a reçu 764 appels de parisiennes, représentant 22% du nombre total d’appel reçu sur la région d’Île-de-France, concernant massivement des violences conjugales. Le nombre d’appel a explosé pendant la première période de confinement.
Considérant que les violences faites aux femmes sont inscrites comme grande cause du quinquennat. Et que le Président de la République a rendu visite en septembre 2019 à l’équipe des écoutantes du numéro national créé et porté par Solidarité Femmes depuis près de 30 ans avec en appui 12 associations nationales de défense des droits des femmes.
Considérant que, pour ne prendre que l’année 2020, la Ville a financé à hauteur de 28 000 euros l’association pour la gestion du 3919 (la subvention était à hauteur de 25 000 euros, à laquelle 3000 euros ont été ajoutés suite au premier confinement), et que ces fonds visaient à « assurer aux appelantes de Paris une écoute bienveillante et une orientation vers les dispositifs spécialisés et pertinents », et à « contribuer à une meilleure connaissance du phénomène des violences conjugales », en produisant annuellement des données chiffrées détaillées.
Considérant que Solidarité Femmes demande régulièrement plus de moyens pour ouvrir ce numéro 7jours /7 et 24 heures /24,
Considérant que face à cette demande, le gouvernement, qui finançait pour 2020 à hauteur de 79% la ligne du 3919, a choisi de conditionner une augmentation à venir de son soutien financier à une passation de marché public, impliquant une mise en concurrence à laquelle l’association ne peut faire face, au vue de son objet.
Groupe Communiste et Citoyen
Conseil de Paris des 15, 16 et 17 décembre 2020
Considérant que cette mise en concurrence présente plusieurs risques, notamment celui d’opposer les associations féministes entre elles sur une logique de rentabilité et méprise Solidarité Femmes qui détient l’expérience et l’expertise, ou encore qu’une organisation généraliste obtienne le marché, cela faisant perdre en qualité à la prestation, puisque la FNSF bénéficie d’une expérience et d’un réseau inégalable.
Considérant que la lutte contre les violences et la protection des femmes est une cause d’intérêt général et non une activité marchande à laquelle on peut appliquer les lois du marché.
Considérant que le recueil de la parole des femmes victimes de violence nécessite une formation professionnelle rigoureuse puisque le primo-accueil est déterminant dans le parcours de sortie des violences,
Considérant également que la Ville de Paris, qui a construit depuis des années un partenariat privilégié avec la FNSF afin d’améliorer l’orientation des femmes victimes de violences, serait de fait évincée du dispositif, s’il se retrouvait à être financé uniquement via marché public de l’Etat.
Considérant que l’ensemble des figures nationales engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes soutient la mobilisation de Solidarité Femmes contre ce projet au travers d’une pétition et d’une tribune publiée dans le Monde le 16 novembre 2020,
Sur proposition de Nicolas Bonnet-Oulaldj, Camille Naget et les élu·es du groupe communiste et citoyen, Geneviève Garrigos et les élu.es du groupe PEC, Fatoumata Koné, Emmanuelle Rivier, Aminata Niakaté et les élu.es du groupe écologiste de Paris, Nathalie Maquoi et les élu.es de Générations, le Conseil émet le vœu que :
– la Ville de Paris soutienne, auprès du gouvernement, la demande de Solidarité Femmes de se voir confier plus de moyens pour mettre le 3919 en service 7/7 et 24/24 et ainsi de renoncer à ce projet de marché public
Déposé par Nicolas Bonnet-Oulaldj, Camille Naget et les élu·es du groupe communiste et citoyen, Geneviève Garrigos et les élu.es du groupe PEC, Fatoumata Koné, Emmanuelle Rivier, Aminata Niakaté et les élu.es du groupe écologiste de Paris, Nathalie Maquoi et les élu.es de Générations