Tribune sur le mal logement publiée dans le journal L’humanité le 25 janvier 2021.
Depuis l’appel de l’Abbé Pierre en 1954, les alertes s’accumulent sur le mal-logement en France. En 2020, dans son 25ème rapport, la Fondation Abbé Pierre estimait que 4 millions de personnes étaient en situation de mal logement en France, une situation aggravée du fait de la crise sanitaire provoquant le basculement de millions de personnes dans la précarité. De l’aide alimentaire d’urgence aux minimas sociaux, tous les secteurs de l’action sociale voient apparaître de nouveaux profils de ménages en difficulté. La question du logement ne fait pas exception. L’ANIL a constaté en novembre 2020 une hausse des consultations sur des situations de loyers impayés d’environ 50% par rapport à novembre 2019. La Ville de Paris programme pourtant une baisse de subvention de son agence départementale (ADIL) de 25% en 2021. Et la situation va s’aggraver, alors que les ménages voient leur épargne fondre et les entreprises mettre la clef sous la porte. À la hausse massive des besoins d’accompagnement s’ajoute le non recours aux aides existantes, car les nombreux ménages qui entrent dans la précarité font face au manque d’information et doivent également surmonter une grande détresse psychologique et la barrière symbolique du recours à l’aide sociale.
Pour ces nouveaux précaires et tous les mal-logés, alors que la Ville et l’État se renvoient la responsabilité depuis des décennies, nous demandons que priorité soit donnée à la prévention. En cette période exceptionnelle à tous les égards, l’Etat doit d’abord prolonger la trêve hivernale après le 31 mars.
Nous souhaitons aussi que soient mises en œuvre, sans délai, les recommandations du Conseil National de l’Habitat, notamment l’augmentation du fonds d’indemnisation des propriétaires pour limiter les expulsions locatives et une revalorisation conséquente du Fond de Solidarité Logement pour éviter les procédures d’expulsion pour impayés.
Une personne doit pouvoir rester chez elle, quoi qu’il en coûte, car ce coût sera toujours moindre que celui humain, social et économique lié à une expulsion ainsi que la difficile reconstruction qui s’ensuit.
Si cette question dépend beaucoup de l’État, la Ville de Paris doit elle aussi prendre ses responsabilités en s’inscrivant pleinement dans une démarche du “Logement d’abord”. Pour cela, nous proposons de mobiliser en urgence les réserves immobilières vacantes. La Ville doit produire massivement du logement social et de l’hébergement, en priorité en optimisant le parc immobilier existant, dans une démarche réelle d’écologie politique. Privilégions la transformation de bureaux existants, au lieu d’en construire de nouveaux, et augmentons les moyens alloués à la préemption des logements et à la lutte contre la vacance immobilière, afin de permettre à tou.te.s d’accéder, enfin, à un logement digne.
Léa Vasa, Emile Meunier, Antoinette Guhl, Fatoumata Koné et les élu.es du Groupe Écologiste de Paris