Tribune : 13 élu·e·s écologistes de grandes villes appellent à « mieux réguler » la publicité urbaine

Treize élus écologistes, dont Fatoumata Koné, Emile Meunier, et les maires de Lyon, Bordeaux et Grenoble, « appellent le gouvernement et les députés à prendre des dispositions courageuses » pour mieux réguler la prolifération des écrans vidéo publicitaires en ville.

« La législation actuelle encadrant la publicité dans l’espace public n’est pas à la hauteur des enjeux. L’exposition des citoyens à la publicité atteint une ampleur sans précédent, estimée à plus de 2.000 publicités par jour et par individu, du fait des outils numériques et de la diversification des supports. La prolifération des écrans vidéo publicitaires dans le paysage urbain soumet les citoyens à des formats de plus en plus agressifs, en incohérence avec les enjeux écologiques et de santé publique (gaspillage d’énergie et de ressources, pollution lumineuse impactant la biodiversité, surexposition aux écrans…).

De manière croissante, la publicité est pointée du doigt dans la lutte contre le changement climatique parce qu’elle fait la promotion de produits climaticides et favorise la surconsommation. Le rapport sur la publicité et la transition écologique publié en 2020 à la demande du gouvernement atteste de cette prise de conscience et de la nécessité d’une meilleure régulation.

Plus récemment, la Convention citoyenne pour le climat ne s’y est pas trompée en faisant de la régulation de la publicité l’un de ses objectifs et en lui consacrant pas moins de 7 de ses 149 propositions, parmi lesquelles l’interdiction des écrans vidéo publicitaires. Le projet de loi « climat et résilience » du gouvernement n’en a retenu que des mesures insignifiantes : la possibilité pour les maires de réglementer le type d’écrans publicitaires installés dans les vitrines des magasins, une interdiction de publicité limitée aux hydrocarbures et la signature de contrats d’engagements par les publicitaires pour limiter la promotion de produits polluants. Barbara Pompili s’était pourtant engagée en faveur d’une plus grande régulation de la publicité en signant en février 2020, lorsqu’elle était encore députée, une tribune portée par 160 personnalités contre les écrans vidéo publicitaires.

Face à la pression publicitaire, les collectivités agissent. La ville de Grenoble a montré la voie dès 2015 en supprimant près de 330 panneaux dans l’espace public. En octobre 2020, la ville de Paris a verbalisé des régies publicitaires pour l’installation de panneaux numériques dans les vitrines des magasins, dans l’espoir de faire jurisprudence auprès du Conseil d’Etat. L’encadrement de la publicité dans l’espace public s’est trouvé au cœur de nombreuses campagnes municipales l’an passé, avec l’appui de mobilisations citoyennes, comme à Lyon.

Face à cet enjeu essentiel pour le cadre de vie et la transition écologique, les élus locaux souhaitent disposer d’un cadre national favorisant leur action. Élus des villes et intercommunalités, nous appelons le gouvernement et les députés à prendre des dispositions courageuses, notamment dans le cadre de la loi « climat et résilience » :

  • en confirmant la possibilité pour les collectivités d’interdire les écrans vidéo publicitaires dans leurs règlements locaux de publicité, en l’inscrivant tel quel dans le droit. Les décisions des collectivités en la matière ne peuvent reposer sur la seule jurisprudence, en faisant face à un risque juridique qui fragilise leur action ;
  • en intégrant les panneaux numériques des annonceurs qui prolifèrent actuellement dans les vitrines des magasins à la législation concernant l’espace public et en permettant leur interdiction par les élus locaux. Ces supports publicitaires tournés vers l’espace public échappent au droit de l’environnement du fait de leur installation dans un local commercial ;
  • en renforçant le cadre national relatif au contenu publicitaire, afin de limiter la promotion des produits les plus polluants et les images sexistes dans l’espace public. »

Signataires :

Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon

Gregory Doucet, maire de Lyon

Eric Piolle, maire de Grenoble

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et premier vice-président de Bordeaux Métropole

Philippe Guelpa Bonaro, vice-président de la Métropole de Lyon

Benjamin Badouard, co-président du groupe écologiste à la Métropole de Lyon

Bruno Paternot, conseiller délégué de Montpellier Méditerranée Métropole

Emile Meunier, président de la commission urbanisme du Conseil de Paris

Fatouma Koné, présidente du groupe écologiste au Conseil de Paris

Tristan Riom, adjoint à la maire de Nantes

Claudine Bichet, adjointe au maire de Bordeaux et vice-présidente de Bordeaux Métropole

Sébastien Barles, conseiller d’Aix-Marseille-Provence Métropole

Fatima El Khili, adjointe au maire de Rouen

Tribune publiée dans le Journal du Dimanche, dimanche 21 mars 2021.

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