Objectif : Plan 300 hectares #P300

300 d’ha d’espaces verts supplémentaires à Paris d’ici 2040
000 / 300Ha

Notre contribution complète à la mission « Paris à 50 degrés » pour préparer Paris aux futures vagues de chaleur

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Produite dans le cadre de la Mission d’Information et d’Évaluation “Paris à 50 Degrés”, créée à l’initiative du Groupe Les Écologistes au Conseil de Paris, cette note restitue les propositions faites par les conseillères et conseillers écologistes pour améliorer la résilience de notre ville aux épisodes de vagues de chaleur et aux épisodes de chaleur extrêmes type “dôme de chaleur”. Centrées sur les compétences de la Ville de Paris, elles sont complémentaires d’autres mesures à l’échelle nationale, régionale ou européenne qui devront également être prises en compte. 

1 – VERS UNE GESTION DE CRISE RENFORCÉE EN PÉRIODES DE (SUPER) VAGUES DE CHALEUR   

1A – Publics vulnérables, santé et inégalités

Développer les îlots et parcours  de fraîcheur urbains : 

  • Assurer à chaque Parisien·ne l’accès à un lieu de fraîcheur à moins de 200 mètres de son domicile en journée, et à moins d’1 kilomètre la nuit, notamment en rendant accessibles plus de lieux frais nocturnes
  • Garantir l’accessibilité et l’attractivité des lieux frais de proximité pour les personnes vulnérables, en proposant dès l’été 2023 des places gratuites au cinéma et dans les autres lieux culturels frais comme les musées et en rendant prioritairement ces lieux accessibles à tous les handicaps. 
  • Garantir l’ouverture prolongée des espaces publics de loisirs rafraîchis la nuit, en renforçant les effectifs de surveillance de mai à septembre :
    • Pour les parcs et jardins jusqu’à 22 heures minimum en été et toute la nuit en période de canicule
    • Pour les musées et bibliothèques bénéficiant d’espaces rafraichis, adapter les horaires en concertation avec les agent·es
  • Demander une étude sur l’impact du décalage des activités humaines la nuit sous l’effet de la chaleur, notamment dans les parcs et jardins, considérant que la majeure partie de la biodiversité urbaine est nocturne

Lutter contre l’isolement des personnes vulnérables, et notamment des personnes âgées : 

  • Solliciter auprès des services de la Ville une étude sur la refonte du dispositif REFLEX, actuellement insuffisamment attractif et donc peu efficace
  • Pour toucher les publics touchés par la fracture numérique et/ou administrative, renforcer le travail d’aller-vers en collaboration avec les professionnel·les de santé, les bailleurs sociaux, les syndicats de copropriétaires, les gardien·nes d’immeuble et les associations de terrain en multipliant les opérations de sensibilisation (distribution de flyers sur les marchés, boitage…)

Prioriser l’adaptation des Quartiers Prioritaires de la Ville et des logements sociaux, aux populations fortement exposées aux conséquences combinées de la chaleur et de la pollution urbaine :

  • Favoriser des processus de concertation locale attentive à la collecte égalitaire de la parole des femmes et des hommes, ainsi que les projets à taille humaine, afin de réduire les mécanismes de gentrification verte que peuvent engendrer certaines mesures d’adaptation 

Porter une attention spécifique aux vulnérabilités différenciées liées au genre, et encapaciter les femmes et les minorités de genre face aux vagues de chaleur : 

  • Dans l’étude réalisée par l’APUR et l’INSERM sur les impacts de la chaleur sur la santé humaine, étudier spécifiquement les impacts différenciés touchant les femmes et les minorités de genre, et proposer des recommandations dédiées qui pourraient être intégrées notamment dans le Plan Parisien de Santé Environnementale
  • Assurer une participation paritaire des femmes et des minorités de genre dans les instances de la Ville en charge de la gestion des vagues de chaleur (services administratifs, agent·es de terrain, cellule de gestion de crise…)
  • Porter une attention particulière à l’inclusion et à la participation paritaire des femmes et des minorités de genre dans les processus de concertation et de participation citoyenne mis en place autour des problématiques relatives à la chaleur (organisation du travail et de l’école, aménagement urbain, végétalisation, accueil et soin des publics vulnérables…)
  • Assurer la prise en compte des discriminations relatives au genre dans le processus d’adaptation de la Ville (mobilités, logement…) et dans l’attribution des financements 
  • Dans le cadre des CSE, encourager les débats sur les conditions de travail, les discriminations et les problématiques spécifiques aux femmes et minorités de genre dans un contexte de fortes chaleurs 

Pour les sans-abri, déployer un plan “grande chaleur” lors des canicules : 

  • Mettre en place un plan d’hébergement d’urgence en cas de grande chaleur à Paris
  • Développer les programmes de sensibilisation via les maraudes, en anticipant une baisse des effectifs bénévoles sur les deux premières semaines d’août avec une offre d’emplois et des incitations adaptées

Vers un plan “grande chaleur” étendu en période de chaleurs extrêmes : 

  • Sécuriser l’accès à des espaces refuges, incluant la possibilité d’y passer la nuit :

○  En assurant leur accessibilité pour toutes et tous, et en réservant des lieux sécurisés et inclusifs aux publics prioritaires (personnes âgées, personnes en situation de handicap, enfants en bas âge, femmes, sans abri…), en proposant des espaces en non-mixité accessibles à celles et ceux qui le souhaitent

○ En préparant des lieux naturellement frais disposant d’autres usages à l’année (églises, souterrains, parkings…) ;

○  En développant de la prospective sur des lieux frais actuellement inutilisés, comme les stations de métro désaffectées ;

○ En équipant des lieux collectifs d’accueil (gymnases, salles rafraîchies…) en climatisation et/ou en ventilateurs ;

  • En vue d’accroître les capacités d’accueil nocturne de la Ville, développer de nouveaux partenariats avec des établissements publics et privés rafraîchis 

Accroître les connaissances sur les publics vulnérables à la chaleur à Paris : 

  • Cartographier les hotspots d’exposition à la chaleur dans Paris (rues canyons, exposition à la pollution de l’air, faible taux de végétalisation…)
  • Réaliser une étude sur les publics vulnérables à la chaleur peu visibles dans les données statistiques (femmes enceintes, enfants en bas âge, personnes en situation de handicap physique ou mental, sans-abris, personnes en situation d’addiction à la drogue, mineur·es isolé·es, migrant·es…) pour évaluer les risques et mettre en oeuvre des mesures d’action spécifiques

Assurer un accès juste à la santé à Paris pour réduire les vulnérabilités à la chaleur : 

  • Inscrire la vulnérabilité aux vagues de chaleur dans les cibles prioritaires de la révision du Plan Parisien de Santé Environnementale, en lien avec le travail en cours de réalisation par l’APUR et l’INSERM sur le sujet
  • Développer la médecine de ville (cad. l’offre de santé et le maillage des soins) à Paris pour désengorger les services hospitaliers sur la période estivale
  • Sensibiliser et responsabiliser les professionnel·les de la santé et la population sur les maladies vectorielles, comme le paludisme et la dengue

1B – Réseaux critiques

Anticiper la gestion de risques en cascade et accroître la résilience des réseaux électriques :

  • Dans le cadre de l’exercice Paris à 50 Degrés, étudier les différents risques d’impacts en cascade et les interdépendances entre les différents réseaux critiques de la Ville
  • Accélérer les travaux de résorption du matériel de raccordement du réseau, et notamment des JTR, sur le réseau Enedis 

Connecter les bâtiments publics sensibles au réseau de froid parisien : 

  • Accélérer le raccordement de tous les bâtiments de la Ville accueillant des publics vulnérables (écoles, crèches, hôpitaux, EHPAD publics, services de la vie étudiante) pouvant être reliés au réseau de froid géré par Fraîcheur de Paris
  • Solliciter le réseau “Paris s’engage” et Fraîcheur de Paris pour inciter les bâtiments de bureau et les grands magasins à réduire et mutualiser leur usage de la climatisation

1C- Grands événements sportifs et culturels

Adapter les pratiques et infrastructures sportives et culturelles à un climat qui se réchauffe : 

  • Demander au COJOP la préparation et la publication d’un plan vague de chaleur pour les Jeux Olympiques de Paris 2024
  • Pour offrir des pratiques sportives et culturelles conviviales et responsables à Paris, bannir toutes les solutions d’adaptation anti-écologiques (arrosage massif des pelouses, pelouses synthétiques, climatisation…), et adapter les infrastructures prioritairement via la rénovation de l’existant avec des solutions performantes et adaptées priorisant le confort thermique ainsi que la végétalisation

Privilégier les sports adaptés en période de vagues de chaleur en été : 

  • Mener une politique des sports visant prioritairement les pratiques du quotidien, afin d’améliorer la santé et la résilience à la chaleur des Parisien·nes
  • Assurer l’accès à des espaces sportifs ombragés et/ou naturellement frais Augmenter le nombre de baignades accessibles, sur le modèle du bassin de La Villette

Anticiper les risques liés à la chaleur en amont des grands événements sportifs et culturels : 

  • Inclure les risques liés aux fortes chaleurs dans la Charte des événements éco-responsables des grands événements culturels, incluant notamment :
    • L’augmentation des moyens de secours et de prévention
    • L’aménagement de sites ombragés (pergolas, parasols, voilages…)
    • L’accès gratuit et facile à l’eau potable, via des fontaines sur site
  • Prévoir des festivals et événements sportifs anticipés dans l’année, dès avril et mai, afin de réduire les risques d’annulation relatifs aux fortes chaleurs ou aux orages
  • Décaler les horaires d’ouvertures des équipements sportifs et, si nécessaire, les périodes des événements sportifs
  • Privilégier des événements plus petits, avec un nombre de festivaliers réduits

Prioriser l’essentiel en période de pénurie(s) :

  • Anticiper, en cas de canicule combinée à des sécheresses et/ou des pénuries, une priorisation de l’usage des ressources essentielles (énergie, eau potable, alimentation) aux besoins élémentaires des populations :
    • Restreindre strictement les ressources utilisées par l’organisation de grands évènements ou de grandes manifestations 
    • En ce sens, réserver l’usage du réseau d’eau non-potable pour l’arrosage de la végétalisation urbaine, en priorisant les jeunes arbres

1D – Gestion de crise

Assurer la continuité du service public municipal en cas de chaleurs extrêmes :

  • Créer et tester un plan de continuité d’activités à 50 degrés pour la Ville
  • Inclure la chaîne funéraire municipale dans les exercices de gestion de crise 
  • Former les équipes municipales et les élu·es assurant les permanences au risque spécifique “fortes chaleurs”

Déployer avec ambition l’exercice de gestion de crise “Paris à 50 Degrés”dès l’automne 2023 :

  • Prévoir une réplication rapide des deux exercices pilotes prévus pour l’automne, en ciblant notamment les QPV, qui sont les plus vulnérables et les plus exposés aux risques liés à la chaleur

2 – VERS UNE ADAPTATION TRANSFORMATRICE DE PARIS FACE À LA CHALEUR

2A – La ville bioclimatique: urbanisme et patrimoine

  1. Rénovation thermique du bâti

Faire de l’habitabilité d’été un réflexe dans tous les projets de rénovation thermique et de construction de la Ville, et accélérer la rénovation thermique des bâtiments :

  • Accroître l’ambition parisienne sur le confort d’été, qui serait renommé “habitabilité d’été”, et baser systématiquement les projets de construction et de rénovation sur des projections climatiques dynamiques basées sur un scénario de réchauffement moyen à +4°C pour la France, qui intègre les risques liés à la chaleur
  • Définir avec des experts comme l’APUR un “score ICU” à valeur contraignante pour les promoteurs, afin d’interdire les aménagements qui dégraderaient le confort thermique des habitants d’un quartier

Anticiper les besoins en frais dès la conception des projets de construction ou de rénovation pour limiter les apports en climatisation, et bannir les pratiques mal-adaptées :

  • Favoriser dès la conception les méthodes de rafraîchissement passives structurelles et le recours à la ventilation naturelle, à travers l’architecture bioclimatique
  • Rendre obligatoire la pose de volets ou de rideaux thermiques sur les bâtiments exposés directement au soleil
  • Valoriser les cours, courettes et cheminées pour créer des puits canadiens naturels, ainsi que le géocooling, la géothermie et toutes les méthodes de rafraîchissement adiabatiques partout où ces méthodes sont possibles
  • Encourager les projets de rénovation thermique intégrale des bâtiments partout dès que possibles, avec de l’isolation par l’extérieur en privilégiant les matériaux bio-sourcés
  • Lors des rénovations par l’intérieur, encourager la pose d’isolants biosourcés qui évitent de piéger la chaleur dans les bâtiments l’été
  • Réguler l’installation de climatiseurs avec une interdiction de la vente de climatiseurs de catégorie énergétique C ou inférieure

Mettre en oeuvre dès 2023 un grand plan de rénovation thermique municipal, afin d’assurer la viabilité des bâtiments publics accueillant des publics vulnérables  : 

  • Lancer un diagnostic systématique de la résilience à la chaleur de tous les bâtiments publics accueillant des publics vulnérables, avec des relevés de températures quotidiens
  • Planifier ensuite un grand plan de rénovation du bâti de la Ville, en commençant dès 2023 par les bâtiments accueillant des publics vulnérables : crèches, écoles, EHPAD, hôpitaux, logements sociaux… identifiés via le diagnostic comme les plus exposés
  • Assurer les capacités de rafraîchissement des bâtiments accueillant des publics vulnérables, prioritairement en les raccordant au réseau de froid ou en mettant en place des alternatives low-tech (climatisation adiabatique basée sur le rafraîchissement naturel)

Encourager les bailleurs sociaux à intégrer systématiquement l’habitabilité d’été dans les projets de construction et de rénovation des logements :

  • Solliciter auprès des bailleurs sociaux de la ville un diagnostic de résilience à la chaleur de l’ensemble de leur patrimoine 
  • Encourager tous les bailleurs sociaux présents à Paris à intégrer la contrainte d’habitabilité d’été sur les rénovations et constructions 
  • Dans le cadre de la révision du PLU, fixer des objectifs de désimperméabilisation, de création d’espaces de pleine terre et d’espaces verts protégés et accessibles aux locataires et/ou au public dans le parc des bailleurs sociaux

b. Urbanisme et aménagement urbain

Favoriser la circulation de l’air et la dé-densification de la Ville :

  • Réaliser un diagnostic du potentiel de mobilisation des bâtiments vacants susceptibles d’être transformés en logements, afin de les récupérer pour conserver une densité bâtie de la Ville équivalente plutôt que recourir à la construction neuve 
  • Privilégier la réhabilitation ou la restructuration lourdes des bâtiments à la construction neuve, dans une logique de dé-densification et de sobriété 
  • Cartographier les couloirs d’air et brises thermiques à l’échelle des quartiers avec l’aide de l’APUR
  • Promouvoir par le PLU bioclimatique la création de nouveaux couloirs d’air et interdire les surélévation et les constructions de bâtiments qui empiètent sur des couloirs de circulation de l’air, au pouvoir rafraîchissant indispensable pour réduire l’ICU à l’échelle locale
  • Interdire toute surélévation dans les rues déjà répertoriées comme possédant une faible circulation de l’air, dites “rues canyon”, en les conditionnant à la largeur de la rue

Abandonner l’urbanisme des grands immeubles vitrés :

Parce qu’ils nécessitent une consommation excessive de climatisation et de ressources :

●    Encadrer les projets de construction incluant des façades vitrées, particulièrement quand ils sont en hauteur ;

 Préparer la rénovation lourde, les changements d’usage ou le démantèlement des bâtiments vitrés, notamment de grande hauteur, ne pouvant fonctionner qu’avec un usage intensif de climatisation.

Des places oasis  et des avenues ombragées pour toutes et tous : 

  • Pour les grandes places, créer de l’ombre et de la fraîcheur en priorisant la plantation en pleine terre ; y compris en intervenant à moyen terme sur les réseaux souterrains, l’accès à l’eau avec des fontaines et miroirs d’eau, l’installation de bancs ombragés et rafraîchis
  • Pour certaines places fortement minéralisées, étudier la possibilité d’installer des ouvrages massifs, sur le modèle des parasols de Médine ou de l’ombrière du Vieux-Port de Marseille
  • Pour les grandes avenues, déployer des arcades ombragées sur le modèle de la rue de Rivoli, pour les grandes avenues, ou des toiles tendues réversibles sur le modèle des villes du Sud
  • Dans chaque quartier, aménager des placettes inspirées des villes du Sud de la France, lieux de socialisation et d’accès à la fraîcheur

Limiter les apports de chaleur liés aux matériaux en privilégiant les surfaces claires lorsqu’elles sont appropriées :

  • Rendre obligatoire une déclaration de l’albédo dans les déclarations de travaux et cadastrer l’albédo pour ancrer un “réflexe albédo” dans le secteur du bâtiment
  • Intégrer un seuil d’albédo obligatoire supérieur ou égal à 0,4 pour le bâti dans la commande publique
  • Prioriser les matériaux clairs, la végétalisation et la désimperméabilisation des sols lors des travaux de rénovation de la voirie, et éviter au maximum les projets de rénovation ou de construction intégrant de l’asphalte ou d’autres matériaux sombres au pouvoir réchauffant élevé
  • Planifier la conversion progressive de l’asphalte parisien avec les services de la DVD

Vers un “droit à la fraîcheur” : 

●    Plaider pour la prise en compte dans la qualification d’insalubrité de la température intérieure trop élevée, notamment pour les logements non traversants

●    Interdire les “climatiseurs pirates” rejetant de l’air chaud dans la rue ou directement sur des habitations, et réguler les rejets de climatisation des magasins dans les cours d’immeubles de logement 

Repenser le périphérique et ses abords ainsi que la Petite Ceinture :

  • Interdire la construction en bordure du périphérique et les immeubles-ponts, dans une perspective de santé publique
  • Préserver les talus en pleine terre à travers un classement en Espaces Verts Protégés au PLU
  • Prioriser l’adaptation des écoles localisées aux abords du périphérique, fortement exposées risques combinés liés à la chaleur et à la pollution de l’air
  • Classer la Petite Ceinture en Zone Urbaine Verte et en Espace Boisé Classé afin de protéger la biodiversité et d’interdire toute construction

c. Aménagements spécifiques

Faire des toits une nouvelle opportunité pour la production d’énergie et de rafraîchissement de la Ville, avec des toits producteurs d’énergie et/ou végétalisés, en commençant par les toits plats appartenant à la Ville : 

  • Rendre le maximum de toitures publiques utiles pour l’adaptation 
  • Engager l’adaptation des toits en zinc parisiens pour augmenter leur albédo et les rendre utiles pour la production d’énergie renouvelable et le développement de la biodiversité
  • Obliger toutes les constructions neuves, les restructurations lourdes, les surélévations et les extensions à disposer d’un toit végétalisé de plusieurs strates végétales ainsi que de dispositifs de récupération ou de production d’énergie 
  • Autoriser la pose de panneaux solaires ou de toits terrasses visibles depuis la rue, dans une démarche d’exemplarité et de visibilité des atouts du Paris adapté au changement climatique
  • Autoriser la pose de toits terrasses, y compris sur les toits en pente
  • Créer un “Code des toits-terrasses” favorisant l’accès aux toits terrasses partagés
  • Interdire la pose de Velux de toit sans stores 
  • Soutenir l’organisation annuelle d’un “Festival des Toits de Paris”, sur le modèle du Rooftop Festival de Rotterdam ou Marseille, afin de familiariser les Parisien·nes les aux usages alternatifs des toits 
  • Lancer un concours sur les toits de Paris face au défi climatique, afin de favoriser et l’émergence de nouvelles propositions sociales et esthétiques autour des toits parisiens

Réaménager les combles et les derniers étages, dans lesquels la mortalité est quatre fois supérieure en période de vagues de chaleur  :

  • Prévoir un dispositif de tampon thermique en toiture, cad. des “combles perdus” pour préserver la lame d’air et l’isolation du bâtiment par le haut

d. Bâti patrimonial :

Penser une nouvelle doctrine partagée de l’éco-patrimoine, en phase avec l’urgence climatique et les risques liés à la chaleur :

  • Organiser un colloque international autour de la question de la vulnérabilité du patrimoine à la chaleur et des défis de la résilience urbaine, avec l’implication de la Ville de Paris, de l’Ordre des Architectes, de la Commission du Vieux Paris et de l’Agence Parisienne du Climat
  • Afin de faciliter l’adaptation de la Ville, revoir les règles liées à la préservation du patrimoine, prioritairement sur : la plantation d’arbres en pleine terre, la pose de velums et toiles tendues dans les rues étroites, l’installation d’ombrières permanentes et la réhabilitation des toits (ENR, végétalisation, terrasses)
  • Soumettre au collège d’experts du Comité de la Nature les projets d’aménagement urbain et de végétalisation pour des avis indicatifs
  • Renforcer les dispositifs de concertation avec les citoyen·nes sur cette démarche, considérant l’attachement des habitant·es au patrimoine et plus largement à l’identité de leur ville et de leur quartier
  • Etudier l’opportunité de créer un nouveau corps de la Ville, avec notamment l’ouverture d’une école de formation aux métiers de la rénovation thermique et de l’habitabilité d’été pour tous les grades, afin de créer ou réhabiliter des techniques, de mettre en place un savoir-faire mondial et former les ressources humaines pour massifier les travaux

Encourager la mise en oeuvre d’une adaptation esthétique, basée sur la sobriété, la cohérence et la valorisation de l’existant, partout où c’est possible, tout en anticipant des mutations esthétiques et d’usage nécessaires à la résilience de la Ville :

  • Renoncer à la candidature des toits de Paris au patrimoine mondial de l’UNESCO, pour les toits comme pour le geste des couvreurs-zingueurs 
  • Favoriser la pose de systèmes d’occultation traditionnels (volets persienés plutôt que volets roulants), afin de préserver une cohérence esthétique des façades
  • Encourager la végétalisation et la désimperméabilisation des cours ainsi que des façades avec des techniques de plantation low-tech, prioritairement en pleine terre 

2B – Végétalisation et eau en ville

  1. Accélérer la végétalisation et la protection des sols

Poursuivre la désimperméabilisation et la végétalisation de la ville en privilégiant, pour les projets de nouvelles plantations et de transformation de l’espace public, la plantation d’arbres au sein de bandes végétalisées en pleine terre :

  • Créer 300 hectares d’espaces verts ouverts au public et désimperméabiliser 50% du territoire d’ici 2040, en assurant un véritable suivi du plan à échéance annuelle, avec un pilotage transversal par le Secrétariat général et sous l’autorité directe de la/du Maire 
  • Développer la recherche et les études sur les écosystèmes générateurs d’îlots de fraîcheur naturels, incluant les services écosystémiques rendus par les projets de forêts urbaines, leur viabilité, leurs coûts et leurs impacts
  • Privilégier la diversité des essences et anticiper les évolutions et contraintes liées à la chaleur dans les prochaines décennies, notamment à partir des résultats du Guide des essences et de l’étude “Arbres et Climat”
  • Créer un « laboratoire arbres et climat » par exemple dans le jardin botanique, afin d’expérimenter les arbres les plus adaptés au futur climat parisien

Associer les citoyen.ne.s aux projets de végétalisation et de boisement :

  • Dédier une branche du budget participatif aux projets de végétalisation, en prévoyant des moyens adaptés pour l’entretien par les services de la VIlle de tous les espaces susceptibles d’être végétalisés
  • Encourager les initiatives de végétalisation citoyennes et locales (dans les cours, sur les façades…) :
    • Développer le permis de débitumer
    • Distribuer aux jardinier·es un kit d’entretien comprenant une clef et un tuyau d’arrosage pour se brancher sur le réseau d’eau non potable
    • Mettre en place des formations citoyennes via la maison du jardinage et dans chaque arrondissement, valorisant la nécessité de privilégier certaines essences en raison de leur résilience et de la richesse qu’elles constituent pour la biodiversité

Accorder une place conséquente aux espaces arborés dans tous les projets d’urbanisation : 

  • Porter une attention particulière aux QPV, carencés en espaces verts, dans le programme de plantation
  • Créer dès que cela est possible des “bandes vertes” le long des trottoirs et des pistes cyclables dans les nouveaux projets d’aménagement
  • Intégrer de manière obligatoire aux projets de réhabilitation des bâtiments publics la végétalisation low-tech des façades, des toits et/ou des cours selon la configuration des bâtiments
  • Développer les rues aux écoles et les rues aux jardins, piétonnisées et végétalisées
  • Inclure dès que possible des darses renaturées dans les projets d’urbanisme 

Tisser des solidarités à l’échelle de  la Métropole du Grand Paris et de la région dans le cadre de la lutte contre l’ICU, considérant le caractère territorialisé du problème qui dépasse les frontières de Paris :

  • Développer une solidarité technique sur les réseaux de froid avec les territoires de la petite et grande couronne
  • Développer des trames vertes et brunes (végétalisation et sols) connectées à la petite et grande couronne, ainsi que des couloirs de circulation de l’air pensés avec les communes et territoires adjacents à Paris
  • Marquer l’opposition de la Ville de Paris aux grands projets d’imperméabilisation des sols comme la bétonisation du triangle de Gonesse, des jardins d’Aubervilliers et du plateau de Saclay, qui accroissent la concentration de chaleur sur le territoire francilien et nuisent à la biodiversité

b. L’eau, un atout vital à préserver

Vers la “ville éponge” : porter une politique ambitieuse sur l’eau et les sols, indispensables en périodes de fortes chaleurs :

  • Gérer l’eau à la parcelle par de la pleine terre, des mares, des noues, et des jardins de pluie avec une gestion qualitative des eaux de ruissellement reposant sur le principe de bio-rétention
  • Réaliser un partenariat de recherche et développement avec le CEREMA pour cartographier le potentiel d’infiltration des eaux pluviales et cibler les priorités en matière de désimperméabilisation des sols
  • Automatiser l’ouverture de sites de baignade dans les canaux lors des canicules et sécheresses, et intégrer ce dispositif aux protocoles de crise de la Ville
  • Expérimenter la baignade dans la partie souterraine du canal Saint Martin et, à terme, en rouvrir une partie pour créer des espaces de baignade supplémentaires
  • Mettre en oeuvre la réouverture au moins partielle de la Bièvre dans le courant du mandat
  • Prioriser les usages de loisirs des canaux à la navigation commerciale, et revoir les contrats de la Ville avec les croisiéristes en ce sens pour la période estivale
  • Planifier l’installation de récupérateurs d’eaux pluviales notamment dans les espaces verts, les jardins partagés et, là où c’est possible, sous les combles, en façade et dans les sous-sols
  • Favoriser l’utilisation des eaux de pluie dans les bâtiments, notamment pour les eaux noires, le nettoyage des parties communes, et l’arrosage des espaces verts
  • Créer un programme participatif de rétention d’eaux de pluie pour les habitant.e.s de logements privés souhaitant participer au plan Paris Pluie, et le développer dans le parc public, notamment à travers la mise à disposition de barils et de kits de végétalisation, sur le modèle du programme “Retain your Rain” mis en place par la ville de Norfolk, aux Etats-Unis.

2C – Résilience des transports

Repenser le rôle de la voiture individuelle, émettrice de chaleur et de nuisances en périodes de fortes chaleur :

  • Interdire la circulation automobile dans les rues identifiées comme “rues canyons”, avec une faible circulation de l’air en été, pour piétonniser et végétaliser ces rues, à l’exclusion des véhicules d’urgence et d’approvisionnement alimentaire
  • Transformer le périphérique en boulevard urbain et abaisser la vitesse de circulation à 50 km/h sur le périphérique avec des voies dédiés au covoiturage et au transport public 
  • Rendre obligatoire la mise en œuvre anticipée de la circulation alternée en cas d’alerte canicule, afin de réduire les risques combinés liés à la chaleur et à la pollution, en lien avec la Préfecture de Police
  • Décarboner le trafic routier et sortir du thermique pour lutter à grande échelle contre le réchauffement de l’air et la pollution
  • Lutter contre l’autosolisme et encourager le covoiturage et l’autopartage notamment en périodes de vagues de chaleurs, afin de réduire le trafic routier et, à moyen terme, de réduire l’emprise des infrastructures routières afin d’en débitumiser une partie

Renforcer la robustesse des réseaux de transports en commun :

  • Climatiser les transports en commun parisiens afin de garantir leur attractivité en période de fortes chaleurs
  • Développer des espaces rafraîchis dans les gares et les stations pour en faire des lieux refuges en période de fortes chaleurs, en privilégiant les solutions de rafraîchissement low-tech et sobres (circulation de l’air, puits canadien…)
  • Multiplier les points d’accès à l’eau dans les transports en commun, et notamment les bus, métro et tramways

Favoriser le vélo et les mobilités douces, dans des zones sécures et ombragées :

  • Adapter les pistes cyclables et les trottoirs en privilégiant les revêtements clairs, les parcours ombragés et les points de repos ombragés notamment aux points d’arrêt, avec accès à l’eau notamment via la mise en place d’un plan “bancs et fontaines”
  • Ombrager les sites de location en libre-service de vélo, ainsi que les garages et parkings à vélo publics

Assurer la résilience du fret fluvial :

  • En l’absence d’étude sur l’impact des vagues de chaleur à Paris sur le fret fluvial dans le cadre de la MIE, porter une attention particulière à ce sujet dans l’exercice de gestion de crise “simulant un dôme de chaleur à 50 degrés.

3 – VERS DES CHANGEMENTS STRUCTURELS 

3A – Travailler et étudier

Faire preuve d’une vigilance accrue sur le travail en périodes de vagues de chaleur : 

  • Porter une attention accrue à la réduction des horaires de travail en périodes de vagues de chaleur pour les agents de la Ville aux métiers impactés par la chaleur (travail en extérieur, entretien et propreté, restauration) et à l’aménagement des horaires des agent·es travaillant en intérieur. Pour les tâches pénibles, reporter à d’autres moments de la journée ou à d’autres jours.
  • Favoriser le télétravail et les horaires décalés pour les agent·es de la Ville qui peuvent en bénéficier dans des conditions conformes à la réglementation du travail
  • Anticiper une charge de travail réduite sur les chantiers de la Ville sur la période estivale (de mi-juin à septembre) 
  • Organiser des solutions d’hébergement nocturnes pour les agent·es de la Ville en incapacité de se déplacer afin de garantir la continuité du service public, sur le modèle d’Eau de Paris ou de l’AP-HP
  • Multiplier les espaces rafraîchis à destination des agent·es de la Ville, notamment dans les lieux de travail identifiés comme exposés à la chaleur
  • Remettre en cause les autorisations d’ouverture des commerces le dimanche 

Vers les “écoles oasis” : assurer des conditions d’étude et d’accueil dignes lors des canicules : 

  • Anticiper la résilience de tout le bâti scolaire appartenant à la Ville de Paris (crèches, écoles primaires, collèges, lycées ou établissements d’ESR) en faisant de toutes les écoles parisiennes des “écoles oasis”, à commencer par les bâtiments les plus vulnérables. Pour ce faire :
    • Lancer dès 2023 un plan d’isolation (diagnostic, planning et réalisation) de toutes les écoles aux plus hautes normes en termes d’habitabilité d’été avec une généralisation des projets de “cool roofing” (sur le modèle de l’école Louis Blanc dans le 10e arrdt.), en commençant par les bâtiments identifiés comme les plus vulnérables 
    • Privilégier la plantation d’arbres en pleine terre dans les cours Oasis, afin d’assurer de l’ombre
    • Accélérer le rythme de déploiement des cours Oasis et des rues aux écoles
    • En attendant les programmes de rénovation structurelle, proposer des solutions de rafraîchissement de court à moyen terme aux établissements, en fournissant des équipements de rafraîchissement : ventilateurs, brumisateurs, petites piscines, rideaux, stores… 
    • Concevoir les écoles réhabilitées ou oasis comme des lieux refuges pour l’ensemble de la population en cas de dôme de chaleur, en priorisant les publics vulnérables
  • Mettre en place un plan d’adaptation concerté avec le rectorat et la région notamment pour les lycées et les établissements d’enseignement supérieur, particulièrement concernant les espaces pouvant accueillir les examens et concours de fin d’année, fortement exposés au risque de vague de chaleur

3B – Culture du risque et mobilisation citoyenne

Développer l’offre de formation et de sensibilisation pour accroître la résilience collective aux vagues de chaleur, en impulsant notamment : 

  • Un plan de formation renforcé des agent.es de la Ville prévoyant une acculturation aux enjeux des vagues de chaleur, avec l’appui notamment de la DTEC
  • Une formation sur “les gestes qui sauvent pendant la canicule” pour les personnes possédant une carte citoyenne et les Volontaires de Paris, via la protection civile et l’Académie du Climat, dans le cadre du plan “Paris qui sauve”
  • Des formations dédiées sur les vagues de chaleur dans les centres de loisirs avec les REV
  • Un programme “solidarité en cas de fortes chaleurs” au sein du programme des volontaires de Paris et en lien avec la Fabrique des Solidarités, visant à sensibiliser sur les bons gestes et sur les moyens de s’engager en tant que bénévole pendant les canicules (aide à la cartographie des lieux de fraîcheur, instances de participation citoyenne, budget participatif, missions avec la Croix Rouge ou la protection civile auprès des publics vulnérables…)
  • Des fiches pratiques sur les situations de forte chaleur accessibles sur le site de la Ville et sur open data Paris 

Renforcer la participation citoyenne :

  • Lancer dès 2023 deux exercices pilotes de conventions citoyennes locales sur le climat, incluant la question de la résilience aux vagues de chaleur, pour traiter au cas par cas les spécificités d’adaptation à l’échelle d’un quartier, d’un îlot ou d’un bâtiment

3D – Financer et gouverner l’adaptation

Adopter un “réflexe adaptation” systématique dès la conception des projets et lors de la mise en oeuvre des budgets de la Ville, afin d’éviter les surcoûts liés à la maladaptation sur le moyen et long terme : 

  • Appliquer la méthodologie “Budget climat” aux dépenses de la Ville et l’étendre à l’adaptation de la Ville : chaque euro investi doit être un euro pour le climat, anticipant un réchauffement moyen de +4°C degrés à l’échelle de la France  
  • Utiliser la commande publique comme levier pour accélérer l’adaptation transformatrice de la Ville, notamment :
    • En conditionnant les investissements publics à des projets intégrant les contraintes climatiques futures via des projections climatiques dynamiques
    • En instaurant une “clause ICU”, pour le secteur du bâtiment et de la construction, sur tous les projets financés par la Ville avec un seuil d’albédo maximal obligatoire, favorisant la végétalisation en pleine terre, la création d’ombrages et de fontaines, ainsi que des mesures démontrant une capacité de réponse à l’enjeu d’ICU parisien 

Augmenter les capacités financières de la Ville sur les investissements structurants relatifs à l’adaptation et à la transformation de Paris face aux vagues de chaleur : 

  • Prioriser en tant qu’investissements structurants les investissements suivants : rénovation thermique adaptée aux fortes chaleurs priorisant les bâtiments publics accueillant des publics vulnérables, végétalisation et désimperméabilisation des sols, résilience des réseaux critiques et des transports, développement du réseau de froid
  • Augmenter la capacité de financement de la Ville en créant un “fonds d’adaptation” qui pourrait être alimenté grâce à l’augmentation, par la voie législative, de la taxe de séjour pour les palaces et les hôtels 5 étoiles ou la majoration de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires 
  • Mobiliser des fonds européens et nationaux pour augmenter la capacité d’adaptation de la Ville
  • Mobiliser et réorienter les flux financiers privés vers des projets d’adaptation de la Ville grâce à des outils et/ ou opérateurs d’intermédiation financière comme la Coopérative carbone

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